jeudi 21 janvier 2010

START


START

19 Janvier 2010


C'est drôle comme sensation...c'est puissant et terrifiant à la fois, on a l'impression de rêver, on se demande exactement quand on va se réveiller.

Tic

Tac


C'est comme plonger la tête dans l'eau, sentir l'oxygène qui remonte au cerveau, avoir les tempes qui bourdonnent, vivre des secondes interminables dans le monde du silence.

C'est être libre.

Tic

Tac


Elle me gonfle, cette pendule, depuis le temps qu'elle rythme tout ce qu'il m'a fait. Les mains encore tremblantes, j'attrape le tabouret et je grimpe pour l'arrêter, je tends les bras, mon dos est douloureux, c'est normal, il me l'a écrasé du talon, juste avant que...

Tic

Tac


Juste avant que je réussisse à attraper le pilon, qui a explosé deux carreaux en damier de la cuisine, dont les dessins en fractal sont parcourus de rigoles rouges à présent.

Alors que je tente de saisir le balancier, mon cœur se met à battre comme un dément et je prends une profonde inspiration, qui me fait mal et tellement de bien à la fois.

C'est comme vivre dix ans sous terre et avoir le soleil qui vous brûle les yeux alors que vous tendez les bras pour vous hisser dans la lumière.

Dix ans c'est mon âge...l'âge où j'ai attrapé un pilon pour l'arrêter, lui. Sa voix, ses poings sur ma nuque, ses pieds qui me faisaient rouler sur le damier et ses cris perçants d'oiseau malade...j'ai tout arrêté, exactement comme j'aimerais arrêter cette putain d'horloge !!!

Mais le balancier m'échappe, malgré mes doigts tendus, qu'il effleure en me narguant.

Tu peux tuer...tu peux les faire taire...mais arrêter une horloge...minable...

Ca tu ne peux pas.

J'émet une sorte de cri de rage, mélange de colère et de sanglot étouffé et j'ai un violent sursaut pour saisir l'horloge. Et c'est là que mon pied dérape. Je me sens à peine basculer en arrière, puisque de toute façon, tout ça est seulement un rêve.

Le héros se réveille toujours quand il est en train de tomber.

Mon réveil à moi c'est quand mon visage heurte la flaque de sang au sol et que je vois ses yeux posés sur moi : ses deux pupilles sont minuscules, l'iris est injecté, on dirait deux aiguilles enfonçés dans une mare écarlate et grise, répugnante.

Tic

Tac


"Qu'est-ce qui te prends ?????"

Une main vient de me saisir le poignet et, clignant des yeux, je tourne la tête dans sa direction. Non...ce ne sont pas les yeux de mon père qui me fixent mais deux pupilles de chat dans une petite fontaine menthe à l'eau.

"Tu as fait un cauchemar ?" Me demande leur propriétaire, l'air inquiet. "Tu t'es mis à crier."

"C'est rien."

En fait, je suis en train de respirer comme un asmathique, on me croirait sur le point de crever...c'est en me calquant sur le rythme régulier du balancier que je parviens à retrouver une respiration normale.

Tic

Tac


"Tu ne pourrais pas arrêter cette foutue horloge ??? C'est pénible et franchement sur ce papier peint bleu c'est kitsch, ça fait popotte."

Je souris en fixant le plafond.

C'est bon un peu de cauchemar pour rappeller à quel point j'ai été bien ce jour-là...

"Non, elle est bien où elle est. C'est un souvenir de mon père."

1 commentaire:

  1. C'est toujours si curieux et passionnant à la fois ce genre d'écrit.

    RépondreSupprimer